Réintroduire la ventilation naturelle pourrait aider à lutter contre les infections nosocomiales
Avant la découverte des antibiotiques, le soleil et la ventilation naturelle étaient utilisés comme moyens de lutte contre les infections. Alors que les résistances aux antibiotiques progressent, Stéphanie Dancer de l'hôpital Hairmyres d'East Kilbride et le Dr Richard Hobday de Cwmbran (Royaume-Uni), ont souhaité évaluer les stratégies de prévention des infections antérieures aux antibiotiques.
La ventilation naturelle, anciennement utilisée contre les infections
Aucune donnée actuelle n'apporte l'assurance que les pratiques de contrôle des infections mises en place dans les hôpitaux sont optimales, affirment-ils. Les deux médecins ont passé en revue les données scientifiques, historiques et récentes, évaluant l'intérêt de la ventilation et de l'ensoleillement pour lutter contre les infections en établissements de soins et à domicile.
Tout comme la célèbre infirmière britannique Florence Nightingale (1820-1910), qui a su imposer des dortoirs hospitaliers au nombre de lits limité, un haut responsable sanitaire britannique, John Smith, soulignait en 1964 l'importance de la ventilation dans les unités de soins. Il préconisait de larges fenêtres montant jusqu'au plafond et suffisamment d'espace pour placer un lit entre chaque fenêtre.
La climatisation est avant tout une recherche de confort
Les progrès réalisés dans les domaines de l'hygiène et l'arrivée des antibiotiques ont relégué au second plan la recherche de nouvelles stratégies de lutte contre les maladies infectieuses, constatent les Dr Dancer et Hobday. La recherche du confort s'est imposée et, avec elle, la climatisation s'est généralisée.
C'est une épidémie de Legionella pneumophila causée en 1976 par un système d'aération lors d'un congrès de la Légion américaine à Philadelphie qui a amené la communauté scientifique à s'interroger à nouveau sur la qualité de l'air intérieur, soulignent les auteurs.
L'utilisation de la ventilation naturelle plus efficace que la climatisation
Ils notent l'existence de quelques données suggérant que la ventilation naturelle est plus efficace que la climatisation pour prévenir les infections.
Lors de l'opération "Bouclier du désert", lancée en 1990 par les Etats-Unis et leurs alliés pour protéger l'Arabie saoudite d'une éventuelle attaque irakienne après l'invasion du Koweit, les militaires logés dans des bâtiments avaient été plus fréquemment affectés par des infections respiratoires que ceux hébergés dans des tentes, rapportent les auteurs.
En 2007, des chercheurs ont comparé les taux de renouvellement de l'air de 70 chambres naturellement ventilées hébergeant des patients tuberculeux à d'autres dans des établissements climatisés. Le plus grand risque de contamination a été retrouvé dans les établissements climatisés. A l'inverse, le plus faible niveau de transmission était observé dans les bâtiments dont l'architecture, antérieure aux années 1950, respectait les préceptes de Florence Nightingale.
Le bénéfice du soleil serait plus flou
En revanche, les données scientifiques sur les bénéfices de l'ensoleillement sont peu nombreuses et anciennes, déplorent les auteurs. Ils rappellent néanmoins que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) aborde l'ensoleillement dans ses recommandations sur la lutte contre les infections nosocomiales.
L'équipe britannique juge donc que l'efficacité de l'aération naturelle et de l'ensoleillement, évaluée principalement avant l'émergence des antibiotiques, mérite d'être mieux étudiée.
(Journal of Hospital Infection, vol. 84, n°4, p271-282)
vib/nc/eh/APM
Article APM du 21/08/2013
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