Votre enfant va être opéré et avoir une anesthésie générale
Une opération est toujours un moment important dans la vie d'un enfant. En effet, il doit quitter le cadre sécurisant de la maison et des habitudes, pénétrer dans des lieux étranges et côtoyer des inconnus. Mais cela peut être aussi une expérience positive au cours de laquelle il apprendra, avec votre aide et celle de l’équipe soignante,à maîtriser l'inconnu.
De votre côté, vous pouvez l’aider à vivre cette expérience le mieux possible. Evitez le mensonge,même s'il paraît rassurant : des explications claires et honnêtes,adaptées à l'âge de l'enfant, sont toujours préférables. Laissez votre enfant vous dire ce qu'il pense et répondez à ses questions. Donnez-lui des informations sur sa maladie, le but de l'intervention et sur l'anesthésie. N'omettez pas les moments difficiles. Expliquez-lui qu'il ne va pas perdre une partie essentielle de lui-même, que le but de l'opération est d'améliorer sa santé et que vous serez là pour l'accompagner.
Elle se déroule une semaine environ avant l'opération car le médecin-anesthésiste doit s'assurer que l'opération peut être pratiquée sans problème.
Vous pourrez vous renseigner lors de cette consultation sur les modalités de l'hospitalisation, le déroulement de la journée opératoire, l'anesthésie, la douleur et les suites opératoires. N'hésitez pas à préparer et à poser toutes les questions qui vous paraissent importantes.
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Voici une liste de questions que vous pouvez poser lors de la consultation d'anesthésie :
- Comment sera pratiquée la prémédication (pour détendre l’enfant avant l’anesthésie) : sous forme de sirop ? De cachet ? De suppositoire ?
- A quel moment se fera la séparation d'avec votre enfant : dans la chambre du service d’hospitalisation ? Devant l’ascenseur dans le service d’hospitalisation ? Devant la porte du bloc opératoire ? Dans une salle d’attente à l’intérieur du bloc opératoire ? Au bloc opératoire juste après l’endormissement ?
- Comment sera effectuée l'anesthésie : avec une piqûre ? Ou bien au masque ?
- Si c'est une piqûre : mettra-t-on avant une crème anesthésiante pour endormir la peau ? La piqûre sera-t-elle faite au pli du coude ou bien sur le dos de la main ?
- Si c’est un masque : votre enfant pourra-t-il essayer le masque avant ? Y a-t-il des masques parfumés ? Avec des sifflets ?
- Comment sera-t-il maintenu sur la table d’opération une fois endormi : à l’aide d’une sangle ventrale ? De bracelets de velcro aux chevilles et aux poignets ?
- Combien de temps votre enfant va-t-il rester endormi ?
- Pourrez-vous le retrouver dans la salle de réveil ?
- Comment sera votre enfant : est-ce qu'il aura des "tuyaux" à son réveil ? Si oui, sur quelles parties du corps ? Aura-t-il des pansements ? A quoi ressemblera la cicatrice ?
- Que fera-t-on s’il a mal : comment évaluera-t-on sa douleur ? Est-ce qu'on lui donnera des médicaments ? Et s'il a encore mal ?
- Après l’opération : combien de temps va-t-il garder la perfusion ? Quand pourra-t-il boire, manger, se lever ? Est-ce qu'il devra suivre un régime particulier ? Quand pourra-t-il rentrer à la maison ?
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Votre enfant devra probablement avoir une prise de sang le jour de la consultation d’anesthésie. Pour faire le prélèvement sans douleur, on vous aura peut-être donné une ordonnance pour poser un patch de crème anesthésiante qui "endort" la peau. Le patch devra alors avoir été être posé à l'endroit où l'on prévoit de faire la piqûre, au moins une heure avant.
Vous trouverez plus d’informations dans la fiche « La prise de sang » de l’association SPARADRAP.
Vous pourrez peut-être visiter avec votre enfant le service dans lequel il sera hospitalisé. Il pourra ainsi commencer à se familiariser avec les lieux, visiter une chambre, la salle à manger, la salle de jeux ou l’école (s’il y en a). Avant de faire cette visite, n’oubliez pas de prévenir votre enfant qu’il ne va pas rester dans le service ce jour-là mais que vous reviendrez un autre jour.
Certains services organisent des visites du bloc opératoire (mais c'est assez rare car cela demande une organisation importante pour le service). Des photographies peuvent parfois permettre de visualiser les lieux.
Votre enfant sera revu par l'anesthésiste la veille ou le jour-même de l’opération. Ce n’est pas obligatoirement le même anesthésiste qui l’endormira mais il aura pris connaissance de son dossier.
Lors de la consultation d’anesthésie, on vous remettra peut-être des livrets illustrés pour expliquer à votre enfant l’anesthésie ou le fonctionnement de l’hôpital. Si ce n’est pas le cas, vous pouvez vous en procurer auprès de l’association SPARADRAP : ils seront très utiles pour vous aider à expliquer ce qui va se passer avec des mots simples et des illustrations.
Votre enfant sera hospitalisé soit la veille du jour de l’opération, soit le jour-même. S’il est hospitalisé le jour-même, on parle d’hospitalisation ambulatoire ou d’hôpital de jour. Cela signifie que l'on rentre à l'hôpital le matin de l'opération et que l'on ressort dans la même journée. On a recours à ce type d'hospitalisation quand l'opération est de courte durée. L'anesthésiste autorise la sortie quand l'enfant est tout à fait réveillé, s'est alimenté et n'a plus mal.
En fonction du type d’hospitalisation, l’équipe soignante vous donnera des consignes précises pour laver votre enfant et organiser le jeûne avant l’opération.
Pour des informations plus complètes sur l’hospitalisation, consulter notre page "Votre enfant va être hospitalisé" .
Avant toute anesthésie, il est obligatoire d'être à jeun. En effet, sous anesthésie, la digestion s'arrête et le réflexe de la toux disparaît. Or, c'est ce réflexe qui empêche les aliments d'aller dans les poumons en cas de vomissement et qui permet donc d’éviter un étouffement.
Les horaires de jeûne sont prévus pour que l'estomac de l'enfant soit vide au moment de l'anesthésie, mais aussi pour qu'il ne subisse pas un temps de jeûne excessif. En pratique, il n'est pas toujours facile de concilier ces deux exigences. Le temps de jeûne peut varier avec le type de nourriture et de boisson. L'anesthésiste vous renseignera à ce sujet et précisera les horaires.
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Recommandations pour le jeûne opératoire (source ASA Task force 1999)
- Liquides clairs (eau, jus sans pulpe, thé sucré) : 2 heures avant l'intervention
- Lait maternel ou autre lait : 4 heures avant l'intervention pour un enfant de moins de 6 mois, 6 heures avant l'intervention pour un enfant de plus de 6 mois
- Nourriture solide (repas léger) : 6 heures avant l'intervention
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Les très jeunes enfants peuvent parfois mal supporter le jeûne. Si votre bébé est opéré le matin et qu’il supporte mal d’être privé de boire, vous pouvez le réveiller pour lui donner un biberon ou une tétée juste avant le temps obligatoire de jeûne. Le jour même, si jamais il y a un retard important dans le programme opératoire (une opération plus longue que prévue, une opération en urgence rajoutée), on pourra aussi vous proposer de donner un liquide clair à votre bébé pour limiter la durée du jeûne.
La prémédication est un médicament spécial que l'on donne juste avant l'anesthésie pour calmer et détendre l’enfant. On le donne par la bouche (comprimé ou sirop), ou par voie rectale, comme un suppositoire. Si votre enfant préfère, vous pouvez proposer à l’infirmière de mettre vous-même le suppositoire.
Peu après, un brancardier viendra chercher votre enfant pour le bloc opératoire. Il est préférable que la séparation se fasse dans un lieu chaleureux : la chambre de l’enfant est parfois plus appropriée qu’un couloir anonyme. Il est encore rare en France que les parents puissent accompagner et rester avec leur enfant jusqu’à ce qu’il soit endormi.
L’équipe d’anesthésie installe toutes les surveillances et appareils nécessaires :
- Le cardioscope est un appareil souvent appelé « scope » qui fait "bip bip". Il est relié à trois autocollants posés sur la poitrine et il contrôle les battements du cœur.
- L’oxymètre est une petite bague ou une pince placée au bout du doigt qui fait une lumière rouge. Il vérifie que la respiration est efficace
- Le tensiomètre est un brassard relié à un écran qui permet de vérifier que le cœur fait bien circuler le sang.
- Le respirateur est un appareil qui fait respirer artificiellement quand on a besoin de faire une anesthésie profonde. Il mesure la quantité exacte d'oxygène et de produits anesthésiques nécessaires pour chacun. Les tuyaux du respirateur sont reliés à la sonde d'intubation. C'est un tuyau souple en matière plastique introduit dans les voies respiratoires pour faire arriver le mélange gazeux jusqu'aux poumons. C'est cette sonde qui provoque parfois des irritations de la gorge après l'opération.
- La perfusion fait circuler dans les veines de l'eau sucrée et salée, de façon lente et continue, pour hydrater et nourrir le corps pendant l'opération. Elle permet aussi de faire passer dans le sang les produits anesthésiques et ceux qui soulagent la douleur après l'opération, sans refaire chaque fois une piqûre.
L’anesthésie
L’induction est le début de l’anesthésie : on fait entrer les produits anesthésiques dans la circulation sanguine qui les transportera au cerveau. Certains anesthésiques sont injectés directement dans le sang, d'autres sont mélangés à l'oxygène que l'on respire. Mais l'anesthésie "au masque" et l'anesthésie "par piqûre" ont la même efficacité et sont toutes les deux des anesthésies générales. L'induction peut avoir lieu dans la salle d'opération ou juste à côté, dans un lieu spécial appelé salle d'induction.
Avec l'anesthésie générale, on perd conscience, le corps est immobile, relâché, et ne ressent pas la douleur de l'opération. Selon les cas, on peut avoir besoin de médicaments de plusieurs types : les "hypnotiques" qui font dormir, les "analgésiques" qui suppriment la douleur et les "curares" qui relâchent les muscles.
Pour certaines opérations, l'anesthésiste fera en plus une anesthésie loco-régionale pour supprimer la douleur dans une partie du corps, en général le bas du corps et les jambes. Cela ressemble à l'anesthésie pratiquée par les dentistes. Grâce à l’anesthésie loco-régionale, la douleur est soulagée efficacement pendant plusieurs heures après l’opération. Votre enfant sentira peut-être ses jambes très lourdes.
Le réveil
L’enfant séjourne d’abord environ deux heures en salle de réveil. Ce séjour est obligatoire après toute anesthésie. Le personnel de la salle de réveil surveille le retour à la conscience et donne les médicaments nécessaires pour traiter la douleur. Vous pouvez vous renseigner sur la possibilité de rejoindre votre enfant en salle de réveil. Même si n'est pas encore courant, de plus en plus d'équipes répondent positivement à cette demande, si l'activité de la salle de réveil n'est pas trop chargée.
Le réveil se fait peu à peu, dès que l'on cesse d'administrer les anesthésiques parce que l'organisme sait détruire ces produits. Ils sont ensuite éliminés et le corps n'en garde aucune trace. C'est ce qui permet de faire plusieurs anesthésies rapprochées si nécessaire.
Après certaines opérations, il est fréquent d'avoir des nausées ou des vomissements pendant les heures qui suivent le réveil. Il existe des médicaments spéciaux pour diminuer ces effets désagréables.
S’il est prévu que vous retrouviez votre enfant dans le service d’hospitalisation, il est important que vous soyez là comme vous l'avez promis. Avertissez toujours votre enfant si vous devez vous absenter.
N’hésitez pas à vous renseigner sur la façon dont votre enfant s’est endormi et s’est réveillé.
Etait-il calme, anxieux, agité, ou en colère ? Il est important que vous le sachiez, pour consoler votre enfant si nécessaire et qu’il ne reste pas sur un souvenir difficile non exprimé : cela risquerait de compliquer ses relations futures avec des professionnels de la santé.
La douleur est une conséquence prévisible de l'opération même si sa durée et son intensité sont très variables selon les opérations et selon les enfants. Les médecins et les soignants doivent prévenir et traiter la douleur de l'opération.
Pour cela, il faut l’évaluer. Chez les petits enfants, l'évaluation se fait par l'observation du comportement qui est régulièrement notée dans le dossier.
Chez les plus grands, on peut utiliser :
- l'échelle des visages, à partir de 4 ou 5 ans : c’est une réglette avec 6 visages sur laquelle l’enfant montre celui qui correspond à sa situation
- l'échelle visuelle analogique, dès 5 – 6 ans : c’est une réglette qui permet l'enfant d’indiquer lui-même l’intensité de sa douleur. On lui demande de placer le curseur « aussi haut que sa douleur est grande »
- l’échelle verbale : on demande à l'enfant de donner une note à sa douleur entre 0 et 10.
Si lorsqu’il est de retour dans le service, votre enfant a mal, s’il réclame de l’aide et ne vous semble pas bien soulagé, n’hésitez pas à solliciter l’équipe soignante pour évaluer sa douleur car il est toujours possible de faire quelque chose pour essayer de le soulager.
Pour des informations plus complètes sur la douleur, consulter aussi notre page ." Si votre enfant a mal "
Pendant sa convalescence, il aura besoin d'être entouré de soins et de réconfort car de fortes douleurs pourront être présentes les premiers jours. Des médicaments seront nécessaires en fonction de son intervention pour lutter plus efficacement contre la douleur (paliers 1, 2 ou 3, voir notre page " Si votre enfant a mal "). Il est important de respecter les prescriptions médicales (la quantité et la fréquence), mais n'hésitez pas à recontacter l'équipe médicale si les médicaments prescrits vous paraissent inefficaces ou si votre enfant ne les supporte pas.
Prévenez votre enfant si une visite de contrôle est prévue. Souvent les enfants pensent que tout est fini le jour de la sortie, et qu’ils n’auront plus besoin d’aller à l’hôpital. La nécessité d’y retourner peut être mal vécue, mieux vaut donc les prévenir à l’avance.
Dans les semaines qui suivent l'opération, de nombreux enfants peuvent avoir des comportements inhabituels. Vous pourrez remarquer que votre enfant s'accroche à vous plus que de coutume, se réveille la nuit, fait des colères ou craint les personnes qu'il ne connaît pas... Tout cela s'arrangera progressivement. Encouragez-le à jouer au docteur ou à l'opération, à parler de son hospitalisation ou à la dessiner. Votre enfant se débarrassera ainsi peu à peu des peurs accumulées pendant l'hospitalisation, surtout si vous lui dites qu'il s'est montré courageux et qu'il a su faire face à la situation.
Pour aider votre enfant, l’association SPARADRAP propose plusieurs guides illustrés ainsi qu’un espace ludique et pédagogique sur son site Internet.