Obésité
En 2012, 31,9 % des adultes français étaient considérés en surpoids, et 15 % comme obèses, soit 6,9 millions de personnes, selon l'étude ObEpi-Roche. Des chiffres en augmentation constante. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime par ailleurs que près de 500 millions de personnes étaient obèses dans le monde en 2008.
Comment se définit l’obésité ? Quelles en sont les causes ? Existe-t-il des traitements efficaces ? Quelle est la stratégie de prévention en France ?
L’Organisation Mondiale de la Santé définit le surpoids et l’obésité comme « une accumulation anormale ou excessive de graisse corporelle qui peut nuire à la santé ». C’est l’indice de masse corporelle (IMC) qui est utilisé pour déterminer la présence d’un surpoids ou d’une obésité.
Le calcul de l’indice de masse corporelle
L’IMC d’un adulte est obtenu par le calcul suivant : poids en kilos divisé par le carré de la taille en mètres, ce qui correspond à IMC=poids/taille2.
Par exemple, une femme mesurant 1,64 m et pesant 55 kilos aura un IMC de 55/(1,64)2 = 20,4. Un IMC compris entre 18,5 et 25 correspond à un poids « normal ». En dessous de 18,5, on parle de maigreur, entre 25 et 30, on parle de surpoids. L’obésité commence avec un IMC supérieur à 30, l’obésité morbide avec un IMC supérieur à 40.
L’IMC est une mesure qui donne des indications rapides sur l’existence d’un surpoids ou d’une obésité. D’autres méthodes, plus complexes, sont utilisées pour évaluer plus finement la proportion de masse grasse chez l’adulte.
Pour les enfants, des courbes de corpulence doivent être utilisées pour interpréter l’IMC.
Obésité et maladies
L’obésité est un facteur de risque pour de nombreuses maladies, notamment le diabète, l’hypertension et l’hypercholestérolémie : les personnes obèses sont douze fois plus traitées pour ces trois affections que les personnes de poids normal.
Les problèmes articulaires, l’insuffisance respiratoire, et le syndrome d’apnée du sommeil sont plus fréquents chez les personnes obèses. L’obésité est également un facteur de risque pour certains cancers, les cancers colorectaux notamment.
Le déséquilibre énergétique
Selon l’OMS, la cause principale de l’excès de poids et de l’obésité est un déséquilibre entre une alimentation trop riche et une dépense physique insuffisante. L’OMS attribue ainsi l’augmentation récente du nombre de personnes souffrant d’obésité à deux facteurs :
- les changements d’habitude alimentaire, avec une plus grande consommation d’aliments riches en graisse et en sucre ;
- la diminution de l’exercice physique quotidien, liée notamment à la sédentarisation grandissante de la population.
Les autres facteurs de risque
D’autres facteurs peuvent influencer la prise de poids : l’hérédité, l’absorption de certains médicaments, un déséquilibre hormonal, l’arrêt du tabac, des facteurs psychologiques comme le stress…
Les recherches sur l’obésité
Des expérimentations en cours permettent d’envisager une nouvelle cause liée à la capacité de stockage des graisses, différente selon chaque individu.
Le Professeur Arnaud Basdevant, chef du service de diabétologie, endocrinologie et nutrition de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, explique : « L’hypothèse est la suivante : les personnes présentant une obésité pourraient avoir une flore intestinale qui favoriserait non seulement la digestion des aliments mais, par le biais de signaux émis par des bactéries digestives, augmenterait également les capacités de stockage de l’alimentation dans les cellules graisseuses. Cette nouvelle explication est intéressante à deux égards. D’abord parce que c’est une explication de l’obésité qui ne passe pas par le comportement alimentaire ou la sédentarité. D’autre part, parce que c’est potentiellement la possibilité d’intervenir, de façon préventive, en modifiant la flore intestinale. Mais nous n’en sommes qu’au stade de la recherche, pas encore à celui des applications pratiques ».
La prise en charge médicale
En première intention, la prise en charge de l’obésité associe régime alimentaire, activité physique et soutien psychologique. Elle s'avère efficace dans les obésités modérées et surtout chez les sujets jeunes.
Trente-sept centres spécialisés en obésité sont répartis sur l’ensemble du territoire.
Un premier « Plan obésité » a été lancé, en juillet 2011, par Nora Berra, alors secrétaire d’Etat chargée de la Santé. En 2013, la Direction générale de l'offre de soins (DGOS) du ministère en charge de la Santé a organisé la création d'un observatoire national des centres spécialisés en obésité (ONCSO).
Les traitements médicamenteux
Des médicaments coupe-faim destinés à aider la perte de poids ont été développés depuis plusieurs années mais la majorité d’entre eux ont dû être retirés de la vente en raison de leurs effets secondaires. Aujourd’hui, seul le Xenical® du laboratoire Roche reste disponible, sur ordonnance. Son principe actif limite l’absorption des graisses alimentaires (triglycérides) dans l’intestin, permettant ainsi une réduction calorique d’environ 30 %. Les effets secondaires se limitent à des diarrhées et des désordres digestifs.
L’intervention chirurgicale
Il existe deux grandes techniques chirurgicales pour traiter l’obésité :
- La pose d’un anneau gastrique : on pose un anneau sur la portion supérieure de l’estomac, ce qui réduit son volume et ralentit le passage des aliments. L’anneau est introduit par voie coelioscopique (incision d’environ un centimètre), sous anesthésie générale. Cette méthode est réversible. L’absorption d’une trop grande quantité d’aliments provoque alors une sensation de blocage, voire des vomissements.
- Le court-circuit gastrique (ou bypass) : cette opération consiste à couper un morceau de l’estomac, afin que les aliments aillent directement dans l’intestin grêle, sans passer par l’estomac, ce qui réduit leur assimilation. C’est une opération lourde, irréversible, et qui provoque plus de complications que la pose d’un anneau gastrique. Les interventions sont réservées aux patients dont l’excès de poids menace gravement la survie à long terme. Les opérations sont prises en charge à 100 % par la Sécurité sociale, après accord préalable de cette dernière sous conditions.
La Haute Autorité de santé (HAS) met à disposition sur son site une série de documents d’information car les interventions chirurgicales ne sont pas sans risque et imposent le respect de contraintes diététiques strictes et une surveillance très régulière. Il faut savoir qu’il y a environ 20% d’échecs (pas de perte de poids) quand le patient ne suit pas un régime strict ou qu’il n’est pas suivi par l’équipe médicale.
La prévention du surpoids et de l’obésité
Les études montrent que l’alimentation précoce joue un rôle déterminant. La prévention de l’obésité infantile est une priorité de santé publique en France. Le Programme National Nutrition Santé (PNSS) comporte ainsi dans ses objectifs de « réduire de 20 % la prévalence du surpoids et de l’obésité chez les adultes et d’interrompre l’augmentation particulièrement forte de la prévalence de l’obésité chez les enfants ». Des campagnes de sensibilisation sont régulièrement menées. Pour plus d’informations, vous pouvez consulter le site internet du PNNS, www.mangerbouger.fr. L’Institut national de prévention et d’éducation à la santé (Inpes) publie par ailleurs un dépliant qui synthétise les recommandations du PNNS. Le contenu du document traite d’alimentation et d’activité physique pour les enfants et les adolescents et rappelle comment organiser les repas dans la journée.
La lutte contre les discriminations
De nombreuses associations se mobilisent pour lutter contre la discrimination et la culpabilisation dont peuvent être victimes les personnes obèses. Ainsi, le mouvement de Size Acceptance (acceptation de la taille) regroupe de multiples associations dans le monde, en particulier aux États-Unis.