Maladie de Parkinson : chez les femmes, l’activité physique serait déjà bénéfique plus de vingt ans avant le diagnostic
Ils ont observé que plus les participantes étaient actives au cours de leur vie, moins elles avaient de risque de développer la maladie, avec un bénéfice de l’activité physique déjà présent plus de vingt ans avant le diagnostic. Ils montrent en outre que les femmes ayant développé la maladie présentaient, dans les dix années précédant le diagnostic, une baisse significative de leur activité physique probablement causée par des symptômes précurseurs gênants. Ces résultats, à paraître dans Neurology, invitent à considérer la mise en place de programmes préventifs fondés sur l’activité physique chez les personnes à risque de la maladie de Parkinson.
La maladie de Parkinson est une maladie neurodégénérative progressive, caractérisée par la destruction de certains neurones du cerveau et par l’accumulation de protéines qui leurs sont toxiques. Elle est la deuxième maladie neurodégénérative la plus fréquente en France et, à ce jour, il n’existe pas de traitement curatif ; il est donc fondamental d’identifier des pistes de prévention.
De précédentes études ont notamment montré que le risque de développer la maladie de Parkinson était réduit chez les personnes ayant une activité physique importante. Toutefois, le nombre limité de tels travaux impliquant des femmes n’a pas permis de confirmer cette association spécifiquement dans cette population. En outre, ces études présentaient en général un suivi relativement court des participants ne comprenant qu’une seule évaluation de l’activité physique, ce qui ne permettait pas de s’affranchir de certains biais et, en particulier, du biais dit « de causalité inverse ».
Ce biais se traduit de la façon suivante : des symptômes avant-coureurs de la maladie de Parkinson (constipation, troubles du sommeil, de l’odorat, troubles moteurs discrets…) peuvent être présents plusieurs années avant que la maladie ne soit diagnostiquée. La gêne qu’ils occasionnent pourrait conduire les personnes à modifier leurs comportements (comme, par exemple, leur niveau d’activité physique) en amont du diagnostic, ce qui est susceptible de fausser les analyses statistiques étudiant la relation entre ces comportements et le risque de développer la maladie.
Une équipe de recherche dirigée par Alexis Elbaz, chercheur Inserm au sein du Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations (Inserm/Université Paris-Saclay/UVSQ), s’est intéressée à l’impact de l’activité physique sur la survenue de la maladie de Parkinson chez les femmes de la cohorte E3N, au cours de 29 ans de suivi. Cette cohorte française regroupe près de 100 000 femmes suivies depuis 1990. Avec près de 1 200 femmes atteintes de la maladie de Parkinson identifiées en 2018[1], elle constitue à ce jour la plus grande cohorte prospective féminine au monde pour cette maladie.
L’évolution de l’activité physique[2] de chaque participante tout au long des 29 années de suivi a été estimée à partir des informations recueillies dans six questionnaires individuels remplis à différentes étapes du suivi. Les données obtenues ont permis de comparer la pratique d’activité physique avant le diagnostic chez les participantes atteintes de la maladie à celles des participantes de même âge et non malades
Afin de réduire le risque d’un biais de causalité inverse, résultant de l’influence possible des symptômes précurseurs de la maladie sur l’activité physique dans les années précédant le diagnostic, les scientifiques ont examiné l’impact de l’activité physique évaluée plus de 5, 10, 15 et 20 ans avant le diagnostic sur le risque de survenue de la maladie de Parkinson.
Les chercheurs et chercheuses ont ainsi observé que plus les participantes avaient une activité physique importante, moins elles risquaient de développer la maladie de Parkinson et ce, même lorsque l’activité physique était évaluée plus de 20 ans avant le diagnostic. Les femmes les plus actives présentaient ainsi un risque réduit d’environ 25 % de développer la maladie par rapport aux moins actives
Les participantes atteintes par la maladie étaient globalement moins actives que les autres tout au long du suivi, y compris plus de 20 ans avant le diagnostic. Cet écart entre les femmes malades et non malades augmentait encore dans les 10 années précédant le diagnostic, ce qui suggère que les symptômes précurseurs survenus dans cet intervalle pourraient effectivement être responsables d’une baisse de l’activité physique chez les femmes qui développeront la maladie mais n’ont pas encore été diagnostiquées
« Ces résultats sont en faveur d’un effet protecteur chez les femmes de l’activité physique contre le risque de développer la maladie de Parkinson, et ce, même sur du très long terme, précise Berta Portugal, doctorante et première autrice de ces travaux. Ils appuient l’intérêt de la mise en place de programmes d’activité physique pour prévenir la maladie de Parkinson chez des personnes à risque et invitent à réaliser d’autres études afin de comprendre quel type d’activité et quel niveau d’intensité sont les plus bénéfiques », ajoute-elle.
« Cette étude témoigne de l’importance des études avec un long suivi au sein de cohortes de grande taille permettant de mieux prendre en compte les symptômes précurseurs et les biais statistiques qu’ils entraînent dans l’évaluation du bénéfice de l’activité physique sur la survenue de la maladie de Parkinson », conclut Alexis Elbaz.
[1]Le taux de femmes atteintes de la maladie de Parkinson dans la cohorte est similaire au taux en population générale en Europe sur la même période de temps.
[2]La notion d’« activité physique » va au-delà de la seule pratique sportive. Dans cette étude, elle est quantifiée par la distance de marche quotidienne, le nombre de marches d’escalier montées, les déplacements à vélo, le temps passé dans les activités ménagères légères et intenses, le temps dédié à des activités récréatives légères (jardinage, sport d’intensité modérée) et intenses (sport intensif).
Source : INSERM
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